samedi 23 juin 2012

Federico Franco, nouveau président du Paraguay, critique Chavez mais apprécie Lula et Bachelet

ASUNCION, 23 juin 2012 - Le nouveau président du Paraguay, investi vendredi après la destitution de Fernando Lugo, est un chirurgien de 49 ans, critique acerbe du vénézuélien Hugo Chavez, mais qui revendique s'inspirer des politiques de centre-gauche de Lula au Brésil ou Michelle Bachelet au Chili. 

"Je ne crois pas que Chavez soit un exemple (de gouvernant) qui mérite d'être cité. Le peuple est fatigué des autocrates qui limitent les libertés", avait confié il y a quelques temps à l'AFP l'ancien vice-président paraguayen, membre du Parti libéral. 

"Un pays où il n'y a pas de liberté de la presse, un pays où les autorités élues par le peuple (...) ne peuvent pas gouverner, nous ne pouvons pas l'accepter dans le Mercosur", le marché commun regroupant le Paraguay, l'Uruguay, l'Argentine et le Brésil, et dont le Venezuela est membre associé. 

"Et qu'est-ce que ça veut dire de gouverner par décret (comme le fait Hugo Chavez depuis 18 mois) sans participation du Congrès ? C'est ça, la démocratie ?", s'interrogeait alors celui qui a finalement été nommé président après que le Congrès eut destitué son prédécesseur. 

M. Franco estime que le Paraguay, qui a connu plus de 30 ans de dictature jusqu'en 1989, n'est pas encore prêt pour une gauche radicale. "La gauche extrême, la marxiste, la trotskiste, est déjà périmé, terminée. Les gouvernements de centre-gauche comme ceux Tabaré (Vazquez en Uruguay), Lula (da Silva au Brésil), (la Chilienne Michelle) Bachelet, au contraire, ont été des réussites. Je m'inspire plus de ceux-là", expliquait-il. 

Homme discret marié à la députée Emilia Alfaro, M. Franco a gravi les échelons politiques, depuis un poste de conseiller d'une agglomération de la région d'Asuncion, avant de devenir maire puis gouverneur du département central du pays. 

Aucune sympathie de Lugo 

Pré-candidat du Parti libéral radical authentique (PLRA, centre-droit) pour l'élection présidentielle de 2013, il a prêté serment vendredi, après la destitution éclair de son compagnon de ticket présidentiel, l'ancien évêque Fernando Lugo, premier président de gauche du pays, élu en 2008. 

M. Lugo n'avait aucune sympathie pour son vice-président, qu'il a plusieurs fois marginalisé, en ne l'invitant notamment pas à des réunions du conseil des ministres, malgré sa fonction de facilitateur entre l'Exécutif et le Parlement. 

"Si je disais que nous partageons beaucoup de choses, je mentirais, mais ma relation avec lui (était) bonne, professionnelle et responsable", disait-il à l'époque à l'AFP à propos du président déchu. 

Quand il a lancé sa pré-candidature présidentielle, il affirmait être sûr que M. Lugo, qui avait fait part de son intention de ne pas se représenter, finirait par l'appuyer. "J'ai été un bon camarade de Lugo", insistait-il. 

Généralement sérieux et observateur, il scrute ses interlocuteurs comme s'ils les auscultaient, fidèle à sa formation médicale. 

"Grâce à dieu, dans les endroits où je vais, je suis bien reçu. Les gens me reconnaissent", affirme-t-il sans modestie, se qualifiant de "prévisible". 

Du Parti libéral, deuxième force politique du pays derrière le parti Colorado (droite), qui a tenu d'une main de fer le Paraguay pendant plus de 60 ans, jusqu'à l'élection de Fernando Lugo, il dit avoir acquis une certaine "musculature". Il y milite à la suite de son père, également médecin. 

Vendredi soir, dans sa première conférence de presse de président désigné, il a fait part de son souhait d'intégrer dans son gouvernement l'ensemble des tendances politiques du pays. 

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