dimanche 4 décembre 2011

Bisbilles maritimes entre le Venezuela et le Guyana

Le Venezuela serait-il en train de se laisser manipuler par son voisin le Guyana ? C’est ce que pense l’opposition à Hugo Chávez, qui reproche au président socialiste sa «faiblesse» devant le petit Etat frontalier, ex-Guyane anglaise. Les opposants, réunis dans une coalition très large, le Regroupement d’unité démocratique (MUD), affirment que «l’intégrité territoriale» du Venezuela est aujourd’hui menacée par les prétentions guyanaises. En apparence pourtant, rien de bien effrayant : Georgetown a simplement sollicité, en septembre devant une commission de l’ONU, une extension de son domaine maritime, de 200 à 350 milles nautiques au large de ses côtes. But de la manœuvre : exploiter les gisements pétroliers sous-marins dont regorgerait cette zone. Mais la demande guyanaise vient raviver un conflit bicentenaire avec Caracas. Une partie de l’extension réclamée correspondrait aux côtes de l’Essequibo, une région que le Venezuela revendique depuis deux siècles.

Ce territoire frontalier de plus de 700 kilomètres de long, qui ne représente pas moins de 60% de la superficie du Guyana, est inscrit sur les cartes du Venezuela depuis son indépendance en 1811, mais lui avait été disputé par la Couronne britannique. A l’indépendance du Guyana en 1966, le Venezuela en réclama de nouveau le contrôle et conclut avec la toute nouvelle république voisine un traité pour la création d’une commission mixte chargée de trouver une solution au litige.
Quarante-cinq ans, quelques nouveaux accords et un petit incident frontalier plus tard, le désaccord n’a pas été réglé, et l’Essequibo est inscrit dans les Constitutions des deux pays. Deux semaines après avoir été informé de la sollicitation guyanaise à l’ONU, le gouvernement vénézuélien a prudemment qualifié la situation d’«irrégulière». La déclaration conjointe signée par les ministres des Affaires étrangères, vendredi à Trinité-et-Tobago, reconnaissant un problème de délimitation maritime n’a pas suffi à rassurer l’opposition. Hugo Chávez a accusé ses détracteurs de vouloir «la guerre».
Le «Comandante» invoque «l’unité latino-américaine et caribéenne» comme base de sa diplomatie. Au risque de se laisser doubler sur d’autres dossiers similaires, car Trinité-et-Tobago et La Barbade ont eux aussi des prétentions territoriales maritimes pouvant empiéter sur la souveraineté de Caracas… L’ONU doit examiner en avril la demande du Guyana et celle du Venezuela.
Source : Libération 

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