• L'idole tout-puissant
Depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez en 1998, son projet politique repose sur deux points : la fin de l'oligarchie (ou des classes dominantes) et la défense du nationalisme, incarné par l'ancien révolutionnaire Simon Bolivar, le "libertador". "Et depuis, Chavez s'est transformé en héros", explique Gorka Garrido, ancien chef du service international du quotidien espagnol Publico, joint par FTVi.
"Même si pour une partie de la presse étrangère, Chavez est un dictateur, là-bas, les gens se sentent protégés et vénèrent sa personnalité", ajoute-t-il.
La puissance de Chavez reposerait sur la défense des plus pauvres et "cette idée est ancrée dans le cœur des Vénézuéliens", indique Veronica Vicente, journaliste espagnole du site enlatino.com, contacté par FTVi.  "Il reste incontestablement le plus fort alors que son projet politique ne rassemble plus la majorité", ajoute-t-elle.
 Un opposant décrédibilisé par son milieu social
Crédité de 56% des intentions de vote, le président s'imposerait le 7 octobre face à son seul adversaire, Henrique Capriles Radonski, qui plafonne à 45%.
En 13 ans à la tête du pays, Chavez n'a jamais été aussi proche d'un opposant. Pourtant, "cela ne remet pas en question sa victoire", souligne Gorka Garrido. "Capriles vient d'un milieu aisé et cela peut être rédhibitoire dans un pays où le peuple veut se sentir représenté par des personnes de sa condition sociale."
Question purement idéologique ? "Pas seulement", ajoute Garrido. "Les instituts de sondages sont contrôlés par des familles proches de l'opposition, ce qui donne lieu à des estimations très serrées. Mais la réalité diffère souvent de ces prévisions."
• L'après-Chavez incertain
Plusieurs analystes et experts craignent désormais que Chavez succombe à son cancer avant l'élection. "L'opposition serait propulsée au pouvoir et se retrouverait dans un pays sans institutions avec les pouvoirs concentrés", explique Gorka Garrido.
Le consultant international Josh Mario Gonzalez va plus loin. Il estime, dans El Pais, (lien en espagnol) que le décès de Chavez serait "la pire des nouvelles pour la stabilité politique du Venezuela. La violence de plusieurs bandes armées pro-Chavez pourrait empêcher tout retour vers une voie démocratique."
Pourtant, il y aurait aussi des raisons pour relativiser le "désastre politique" que provoquerait le départ de Chavez. "Des rumeurs sur des différends à l'intérieur du parti chaviste prennent de l'ampleur. Et d'un autre côté, de plus en plus de Vénézuéliens attendent cette transition avec impatience. Je pense qu'à moyen terme, elle ne sera pas si catastrophique", assure une source d'un organisme financier vénézuélien contacté par FTVi.
Isabel Contreras