dimanche 13 mai 2012

Les usines récupérées dans l’Argentine en crise Néolibéralisme et autogestion.


Après le choc sanglant de la crise qui a secoué l’Argentine fin 2001 s’est ouvert une période d’opportunités politiques. Exemple avec les récupérations d’usines par les ouvrières.
L’expérience argentine, de Maxime Quijoux, 
préface de Paul Bouffartigue. Éditions de l’Iheal, 2011, 
280 pages, 19 euros.
L’Argentine compte une proportion de classes moyennes des plus significatives en Amérique latine ainsi qu’une classe ouvrière sans pareil sur le sous-continent. L’héritage ouvrier de l’immigration européenne, la mise en place d’un tissu industriel et les dispositions d’un développement national sous l’égide de Peron en sont les déterminants principaux. Nation latino-américaine parmi les plus prospères après la Seconde Guerre mondiale, l’Argentine connaît pourtant une des crises les plus sanglantes du tournant néolibéral du continent, entre 2001 et 2003, comme l’onde de choc de la crise de la dette d’abord manifestée au Mexique dès le début des années 1980.
Le pays a connu cinq présidents en l’espace d’une semaine, autour de Noël 2001. Plus d’un tiers de chômeurs, plus de la moitié de la population sous le seuil de pauvreté : un choc dans un pays habitué à la prospérité et à la redistribution relatives. L’affrontement physique entre les forces de l’ordre et la population entraîne la mort de plusieurs dizaines de personnes. On trouve dans la bataille des gens « normaux », peu coutumiers de la protestation, descendus même au plus fort de la crise en pyjama, portés par la colère de la rue. Dans ce sillage s’ouvre une fenêtre d’opportunité politique inédite en Argentine. Mobilisations, réunions de quartier, constitutions de collectifs, « ¡Que se vayan todos ! » (Qu’ils s’en aillent tous !), sont autant de marques de ce moment singulier.
Maxime Quijoux a exploré avec force détails et participations directes l’un des symboles de cette crise argentine : le phénomène des usines récupérées. En opérant un lien habile et contextualisé avec le phénomène en France depuis avant 1968 jusqu’à aujourd’hui, le sociologue nous entraîne dans les logiques d’action et les raisons d’agir d’ouvrières (souvent des femmes) propulsées malgré elles aux commandes de leur devenir de travailleuses. Loin d’une démarche planifiée et pleinement politisée, l’étude de deux expériences de récupération montre aussi toute la contingence de l’entreprise collective, le parcours d’individus (pétris d’héritage, de normes sociales et de comportements valorisés) ainsi que les tensions constantes qui traversent une capacité d’agir collective alors déployée. C’est hors de tout dogme, et avec une honnêteté intellectuelle rare que Maxime Quijoux met une pensée critique très bien informée au service de l’analyse des leviers politiques et économiques, mais aussi, et c’est là un grand mérite de l’ouvrage, des ressorts culturels de l’autogestion des usines récupérées.
Julien Rebotier, géographe.

1 commentaire:

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