dimanche 17 juillet 2011

Bière vénézuélienne, Polar, football, propagande et fortunes

Comme il se doit je goûte aux spécialités locales, et en premier lieu aux bières nationales. La marque la plus connue, et la plus appréciée des vénézuéliens est la Polar qui se décline sous toute une série de bières, Polar ice, Solera, etc...

La marque Polar est aussi le principal sponsor de la vinotinto, l'équipe nationale de football qui joue actuellement les quarts de finale de la Copa América, pour la deuxième fois de son histoire, face au Chili. Cet évènement a donné lieu à de nombreux spots publicitaires de la part de la marque Polar, dont celui-ci.




Mais la marque se distingue également en utilisant d'autres supports pour assurer la promotion de ses cervezas au goût plus que douteux. La marque ne manque pas une occasion d'afficher de jeunes manequins sur ces campagnes publicitaires.




Mais le marketing de la  marque s'illustre aussi par l'utilisation de femmes-bières, dérivées de l'homme sandwich. Ainsi, dans certains restaurants ou bars, il est possible de tomber sur une "promodora", une sorte d'hôtesse chargée d'assurer la promotion de la marque. Expression manifeste du machisme ambiant cette pratique est très (trop) répandue.


Si la Polar n'a presque aucun goût, dans toutes les déclinaisons qu'il m'a été donné l'occasion de tester, la marque ne recule devant rien pour promouvoir ses produits, et ne se gêne pas pour inférer dans le processus politique en cours dans le pays. En effet, elle est dirigée par la famille Mendoza, une des plus riches du Venezuela et du monde. Dans son célèbre classement des plus fortunés de la planète, Forbes plaçait Lorenzo Mendoza à la 125ème place des hommes détenant le plus imposant patrimoine pour l'année 2006. Dans ces circonstances, il n'est pas étonnant que les camions de la Polar étaient à l'avant garde du sabotage pétrolier de 2002-2003 au Venezuela, visant à paralyser l'économie pour contraindre le président Hugo Chavez, qu'un coup d'Etat n'avait pas suffit à éloigner du pouvoir. Les immenses camions de la marque bloquaient les voies de communication, à la vue de tous. 

Fondée en 1941, las empresas polar, est aujourd'hui une des plus importantes compagnies privées du Venezuela. L'entreprise a progressivement diversifié ses productions, et produit aujourd'hui de la bière, tout ce qu'il se fait à partir de la farine, des condiments, du thon et est présente sur le marché du vin, mais aussi des pâtes, du riz, de l'eau minérale, des glaces, ect... Lorenzo Mendoza, son dirigeant actuel est à la tête d'une fortune estimée à 4 500 millions de dollars, et est à la tête d'un consortium de 40 entreprises qui emploieraient 17 000 personnes. 

Les controverses entre le gouvernement et la famille Mendoza et sa marque de bière, ne semblent sur la voie de l'apaisement. Hugo Chavez ne manquant pas de s'interroger publiquement sur l'incidence des produits de la marque sur la santé des vénézuéliens. Accusant la marque de favoriser l'alcoolisme, le président vénézuélien avait fait la déclaration suivante : " Hay que ver cuantos muertos han ocurrido en Venezuela en los ultimos 50 anos por culpa de Polar " au début de l'année. Juste après avoir décidé, le 8 janvier dernier d'exproprier pas moins de 9 000 mètres carré de terrain non utilisés appartenant à l'entreprise Polar afin de construire des logements pour les victimes des éboulements de terrain et inondations de l'hivers dernier. 

Néanmoins, le président Chavez n'a jamais exécuté ses récurrentes menaces de nationalisations des entreprises polars, certainement face au mécontentement populaire que pourrait générer une telle décision, dans un pays où les bières polar sont une véritable institution. Une enquête réalisée en octobre 2009 avait tenté de démontrer que près de 80% des vénézuéliens étaient hostiles à une nationalisation des entreprises polar, à laquelle Hugo Chavez avait répondu qu'il n'était pas intéressé par une nationalisation de Polar...por ahora...

Des opposants au gouvernement bolivarien verrait d'un bon oeil la candidature de cet homme d'affaire à la prochaine élection présidentielle de 2012. Certains de ses partisans animent une page Facebook avec plus de 5 000 membres. 

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